https://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe1-2006-3-page-121.htm
Modes de vie et besoin d'aide après 75 ans, données comparées en 1989 et 1999
En août 2003, la canicule que connaît la France donne un coup de projecteur sur les conditions de vie au grand âge. Comment un épisode climatique, même exceptionnel, peut-il avoir impliqué le décès de près de 15000 personnes, âgées pour la plupart d’entre elles (Hémon, Jougla, 2003) [1][1]La surmortalité observée à partir de 45 ans est importante,… ? Sans tarder, certaines voix se sont empressées d’expliquer cette catastrophe humaine par la faillite des solidarités familiales, le triomphe de l’individualisme et le désengagement des familles vis-à-vis de leurs membres les plus âgés, les plus fragiles [2][2]Voir, par exemple, le communiqué du Secrétaire d’État aux…. Ainsi, la qualité de vie des personnes âgées se serait fortement dégradée au regard de celle que connurent les générations précédentes. Quelle est donc la réalité de cette évolution ? Que peut-on dire des conditions de vie des personnes âgées à la fin du XXe siècle en France ? Le spectre des questions relatives à cette interrogation est très large. La manière de vivre au grand âge renvoie à l’histoire d’une vie, en particulier dans son volet conjugal et familial : la constitution de la famille et ses transformations, la place de l’individu dans le groupe familial. Elle renvoie également aux obligations des uns vis-à-vis des autres, celles de l’individu et du groupe familial mais aussi au contrat de société. Les politiques sociales, qui ont connu des aménagements en profondeur depuis le milieu du XXe siècle, ont largement contribué à l’amélioration des conditions de vie de la population. Plus que jamais, les jeunes retraités ont aujourd’hui atteint, en moyenne, un niveau de confort jamais égalé, mais qu’en est-il des membres les plus âgés de la société française ?
2À partir des deux enquêtes quantitatives menées à dix ans de distance, on se propose de comparer les données observées pour les personnes de 75ans et plus, vivant à domicile et en institution en 1988/1989 et en 1998/1999 (cf. encadré). Dans un premier temps, il s’agit d’analyser les situations conjugale, familiale et résidentielle, pour ensuite les confronter au besoin d’aide pour les activités quotidiennes et à la manière d’y faire face en s’appuyant sur l’entourage et/ou sur des services spécialisés. Enfin, la discussion abordera les aspects sur lesquels la situation est appelée à évoluer notamment dans le contexte de l’arrivée à la retraite des générations nombreuses de l’après-guerre, c’est-à-dire les enfants des plus jeunes enquêtés analysés.
Le cadre d’analyse : deux enquêtes quantitatives
La seconde, « Handicaps, incapacités, dépendance » (HID), est une enquête conduite en 1998/1999 (2e volet longitudinal en 2000/2001) dont le projet est d’estimer les conséquences des problèmes de santé sur la vie quotidienne et sociale des personnes handicapées ou dépendantes, quels que soient leur âge et leur situation vis-à-vis des systèmes d’aide ou leur lieu de résidence. L’échantillon, représentatif de la population de France métropolitaine, a permis d’interroger 9448 personnes de 75 ans et plus (Goillot, Mormiche, 2003) [3].
3Les personnes que nous sommes amenés à étudier ont toutes atteint leur soixante-quinzième anniversaire et sont nées en 1913 ou avant pour la première enquête de 1988/1989 et en 1923 ou avant pour la seconde enquête de 1998/1999 [4][4]Pour la fluidité de la lecture, par la suite, nous faisons…. Sans parler de l’allongement de l’espérance de vie, compte tenu des années de naissance, on peut d’ores et déjà anticiper une distorsion de la structure de la population à dix ans de distance puisque dans l’échantillon de 1989, les personnes sont toutes nées avant la Première Guerre mondiale, tandis que celui de 1999 intègre le déficit des naissances consécutif à la perte des hommes jeunes pendant cette même guerre.
? Des modes de vie contrastés
? Vivre plus vieux, à deux plus longtemps
4Les événements majeurs que connaissent les individus se répercutent tout au long de l’existence et marquent les générations différemment selon le moment du cycle de vie où elles ont à connaître un épisode particulier. Les conséquences de la Première Guerre mondiale se retrouvent trois quarts de siècle plus tard, à la fois dans la configuration par âge, la descendance et la situation matrimoniale. L’effet mécanique du déficit des naissances, auquel s’ajoutent les gains d’espérance de vie, se traduisent par une augmentation massive entre 1989 et 1999 du poids des 85 ans et plus qui passe de 25 % à 30% de la population (cf. tableau 1). Le manque d’hommes jeunes en âge de fonder une famille a laissé un grand nombre de femmes des générations du début du siècle célibataires et sans enfant. Un quart à un cinquième de ces femmes nées au début du XXe siècle n’ont pas eu d’enfant tandis qu’un autre quart n’ont eu qu’un seul enfant (Desplanques, 1993). Même dans les générations 1920-1924, autrement dit pour les femmes âgées de 75 à 79 ans en 1999, jusqu’à 15% d’entre elles n’ont pas eu d’enfant et près d’un cinquième n’ont eu qu’un seul enfant. Au-delà de la fécondité, la descendance observée au moment de l’enquête ne rend compte que des enfants survivants. Or, l’un des faits marquants du XXe siècle est l’augmentation spectaculaire de l’espérance de vie à la naissance, d’abord aux âges les plus jeunes avec la réduction de la mortalité infantile, puis aux âges élevés.
5Les gains de mortalité aux âges élevés conduisent à vivre beaucoup plus longtemps à deux au temps de la retraite et de plus en plus au-delà de 75 ans. Sur la période observée, les hommes ont même connu des gains d’espérance de vie un peu plus rapides que ceux des femmes, permettant ainsi un léger rattrapage [5][5]Pour les hommes, l’espérance de vie à la naissance est passée…. Le statut matrimonial traduit bien cette évolution, avec un plus fort taux de personnes mariées en 1999 par rapport à 1989 (45 % contre 41 %). De façon symétrique, la plus grande longévité de la vie en couple réduit le taux de personnes veuves, une situation qui se conjugue au fait que le taux de personnes jamais mariées est plus faible dans les générations les plus jeunes. Du point de vue de l’isolement conjugal et familial, c’est-à-dire pour une personne sans conjoint ni descendance, à partir de 85 ans, on comptait plus d’une personne isolée sur quatre en 1989 (27 %), contre moins d’une sur cinq dix ans plus tard (19 %).
75 ans et plus en 1989 et 1999 : caractéristiques par groupe d’âges
? Indépendance à domicile, de plus en plus tard en institution
6Les idées reçues ont la vie dure, en particulier celle qui consiste à penser que les personnes âgées sont surtout hébergées en établissement spécialisé. Or, ce lieu de vie est loin d’être le plus répandu, pas plus aujourd’hui qu’hier. À chaque âge et quelles que soient les situations conjugale et familiale, même pour les plus isolés, le domicile demeure le mode d’hébergement dominant [6][6]Les logements en foyers qui sont considérés par l’Insee comme…. Et, malgré le vieillissement, cette tendance s’est encore accentuée entre les deux périodes d’observation : parmi les 75 ans et plus, le taux de personnes en hébergement collectif est inférieur en 1999 à ce qu’il était dix ans plus tôt (9 % contre 12 %). La proportion des personnes vivant seules à leur domicile est inchangée avant 85 ans (autour de 40 %), tout comme les situations de cohabitation avec les enfants (environ 10%). En revanche, à partir de 85 ans, on observe un effet croisé aux deux dates : la proportion des personnes vivant seules a augmenté en 1999 par rapport à 1989, tandis que les cohabitations intergénérationnelles ont diminué dans des proportions équivalentes. Conserver son indépendance à domicile est une réelle préoccupation. Ce phénomène bien connu, qui voit augmenter l’isolement résidentiel et diminuer la cohabitation, traduit l’amélioration des conditions de retraite qui permettent aux plus âgés de se loger et de vivre plus décemment sans dépendre de leurs enfants. Cette volonté d’indépendance des générations les unes par rapport aux autres est attestée dès les années soixante dans une importante étude menée en Autriche et à partir de laquelle on commence à parler d’« intimité à distance » pour illustrer le sentiment des personnes âgées vis-à-vis de leurs enfants (Rosenmayr, Kockeis, 1963). L’autonomie préservée au quotidien est un élément essentiel de la qualité de vie revendiquée par chacun. Face à la diminution de la cohabitation familiale, érigée parfois en symbole d’une délitescence des solidarités, il faut rappeler l’augmentation du taux de personnes vivant en couple seul au-delà de 75 ans, y compris pour les plus âgés d’entre eux : en 1999, près d’une personne sur cinq ayant atteint ou dépassé 85 ans vit seule à domicile avec son conjoint (19 % contre 13 % en 1989).
7La structure de la population hébergée se modifie pour se concentrer sur le grand âge : les résidents de 85 ans et plus représentent près des deux tiers des personnes hébergées de 75 ans et plus en 1999 (65 %), contre moins de la moitié (43%) dix ans plus tôt (cf. tableau 2, p. 128). Ce résultat est la conjonction de plusieurs effets : le déficit démographique des plus jeunes et les gains d’espérance de vie sans incapacité plus rapides que les gains d’espérance moyenne de vie qui permettent de retarder le moment de quitter son domicile, mais également une demande potentielle fortement contrainte par l’offre. Globalement, au fil des ans, le nombre de résidants a augmenté mais, à âge donné, la proportion des personnes vivant en collectivité a diminué, sauf aux âges les plus élevés. Fin 2003, les personnes de 90 ans et plus représentent un tiers de la clientèle des établissements d’hébergement pour personnes âgées (EHPA) contre un cinquième fin 1994 (Dutheil, Roth, 2005). Entre 1996 et 2001, le nombre de places en EHPA (en métropole), rapporté à la population des 75 ans et plus, a décru d’environ 8 %. Dit autrement, l’augmentation du nombre de places a été en moyenne de 1% par an entre 1996 et 2002, tandis que la population des 75ans et plus a crû d’environ 3 % par an en métropole (Mesrine, 2003). Au fil des années, la vocation d’hébergement social des établissements se modifie : les sections d’hospices disparaissent, les institutions s’adaptent pour satisfaire aux critères de médicalisation [7][7]Les années quatre-vingt ont été marquées par cette idée qu’il…. Les listes d’attente sont l’expression du déficit de création de places face à l’augmentation et à l’évolution de la demande qui concerne une population plus âgée, plus handicapée. Selon le statut matrimonial des résidants, le veuvage touche 70 % de la population hébergée aux deux dates mais du point de vue de l’isolement conjugal et familial, on observe que le fait d’être célibataire, sans enfant, est moins discriminant en 1999 par rapport à 1989 [8][8]En 1999, les résidants des institutions étaient entrés à 78,5…. C’est donc que d’autres caractéristiques individuelles interviennent de plus en plus dans le fait de résider en établissement, par rapport aux personnes vivant à leur domicile privé, et on pense en particulier à l’état de santé.
8En nous inspirant de la grille de mobilité, dite « Colvez », adaptée en fonction des éléments disponibles dans les deux enquêtes, nous avons construit un indicateur de restriction d’activité en quatre groupes, du plus handicapé au moins handicapé [9][9]La contrainte de disposer de questions parfaitement comparables…. Les personnes les plus sévèrement handicapées ne mangent pas seules, ou ne peuvent pas se déplacer à l’intérieur du logement. Dans un deuxième groupe, figurent les personnes qui ne peuvent faire seules leur toilette et, dans un troisième groupe, celles qui ne peuvent sortir seules. Enfin, le dernier groupe est composé des personnes dites autonomes, au sens de cet indicateur, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité de sortir seules de chez elles (même si elles éprouvent des difficultés) et de faire seules leur toilette, sans recourir à l’aide d’une tierce personne.
9L’indicateur de besoin d’aide met en évidence que les institutions doivent faire face à une population de plus en plus handicapée. En 1999, près du tiers des résidants souffrent d’incapacités très sévères au point de ne pouvoir manger seuls, ni se déplacer seuls, contre un quart dix ans plus tôt. C’est également vrai pour le deuxième groupe qui concerne 28% des personnes hébergées en 1999, contre 21% en 1989. En établissement, la chute du taux de personnes autonomes de 29 % à 18 % en dix ans laisse entrevoir l’ampleur des difficultés face au vieillissement et au handicap de la population hébergée.
10En revanche, à domicile, l’indicateur de besoin d’aide ne laisse apparaître aucune évolution : le taux de personnes autonomes (79%), versus celui des personnes ayant besoin d’aide, est équivalent pour les deux enquêtes. Néanmoins, cette stabilité ne doit pas masquer que le nombre de personnes très âgées a augmenté et que les personnes handicapées à domicile sont toujours plus nombreuses qu’en établissement. En 1989,69% des personnes non autonomes vivent à domicile, elles sont 71% en 1999, une situation qu’il convient de confronter à l’évolution du mode de prise en charge.
75 ans et plus en 1989 et 1999 : caractéristiques selon le lieu de vie
? Besoin d’aide, des réponses qui évoluent
11Les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix ont connu une profusion de rapports, de groupes de travail et de réflexion sur la prise en charge de la dépendance [10][10]Rapports Théo Braun en 1986, Laroque en 1989, Boulard en 1991,…. En 1989, les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et les aides ménagères sont les principaux intervenants à domicile. On compte environ 38 000 places pour les soins infirmiers et 400000 bénéficiaires de l’aide ménagère, 300000 au titre de l’action sociale des caisses de retraite et 110000 au titre de l’aide sociale départementale. L’allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP), qui est une prestation en espèces, bénéficie inégalement aux personnes de plus de 60 ans, certains départements refusant de l’attribuer, au prétexte qu’elle serait destinée aux « adultes handicapés » et non aux « personnes âgées ». D’ailleurs, c’est seulement à partir de 1992 que les statistiques départementales de l’aide sociale ventilent les bénéficiaires de l’ACTP selon l’âge : 166 000 bénéficiaires de plus de 60 ans sont alors recensés. En 1994, douze départements participent à la mise en œuvre de la prestation expérimentale dépendance (Ped) avant que la prestation spécifique dépendance (PSD) voie le jour en 1997. Pour la première fois, avec la PSD, la loi entérine un critère d’âge qui discrimine les « personnes âgées dépendantes de 60 ans et plus » des « personnes handicapées adultes de moins de 60 ans ». La PSD, qui doit se substituer à l’allocation compensatrice pour tierce personne, est une prestation d’aide sociale, attribuée par le conseil général, versée à domicile et en établissement, en fonction du besoin d’aide étalonné selon la grille Aggir [11][11]La grille « Aggir » (Autonomie gérontologie groupes…. Soumise à des conditions de ressources et sans obligation alimentaire, au contraire de l’ACTP, elle est soumise à récupération sur succession. Juste avant la mise en œuvre de la PSD, l’ACTP est versée en 1996 à plus de 200 000 personnes de 60 ans et plus. Dès 1999, l’ACTP ne compte plus que 60 000 bénéficiaires tandis que la couverture par la PSD n’atteint pas 120000 personnes [12][12]À son apogée en 2001, la PSD a couvert jusqu’à 136000…. Sur la période, le nombre de bénéficiaires des soins infirmiers à domicile atteint 56000 en 1996 tandis que celui de l’aide ménagère tend à se réduire, notamment du côté de l’aide sociale : l’aide ménagère servie par les caisses de retraite représente 72 % de bénéficiaires en 1989 et 80 % en 1996.
? Aide profane et services professionnels
12Le vieillissement individuel devient préoccupant lorsque l’aide d’une tierce personne est requise pour les activités quotidiennes. Sur quels engagements respectifs de l’entourage et de la collectivité les personnes âgées peuvent-elles compter ? Dès lors que la collectivité mobilise des services spécialisés, soit sur la base de prestations d’aide à domicile, soit à travers le personnel des établissements pour les personnes qui y résident, on considère l’existence de services professionnels. Dans ce sens, il s’agit de services marchands, rémunérés, à la charge de la personne ou de son entourage, auxquels participe éventuellement la collectivité publique à travers des subventions de fonctionnement, des prêts d’équipement, la mise à disposition de personnel, le financement des heures. En regard de ces services professionnels, l’aide profane correspond aux services informels, non marchands, dispensés par des personnes bénévoles, non rémunérées, qui font généralement partie de l’entourage proche de la personne aidée [13][13]La confrontation des deux formes de services néglige l’aide….
13De ce point de vue, les services marchands ou non marchands, soit professionnels ou profanes, comptent, en proportion, un peu moins de bénéficiaires en 1999 que dix ans plus tôt (cf. tableau 3, p. 132). En 1989,40 % des personnes de 75 ans et plus, à domicile ou en institution, ont bénéficié de services professionnels, pour 37% dix ans plus tard. Mais la différence se joue surtout du côté des services non marchands pour lesquels on compte près de la moitié de bénéficiaires en 1989, pour à peine plus du tiers en 1999. La diminution concomitante des deux formes d’aide concerne les personnes les plus jeunes et autonomes. Pour chaque modalité, d’âge ou de sexe, de situation conjugale ou familiale, l’aide de l’entourage a baissé, sauf dans les situations de restriction d’activité pour lesquelles le niveau de l’aide profane reste strictement au même niveau : 60% de personnes aidées en 1999, comme en 1989. D’ailleurs, pour les personnes handicapées, le taux d’intervention des services professionnels progresse légèrement, de 66 % à 71%. L’évolution la plus défavorable, du point de vue de l’aide profane, touche d’abord les personnes en situation d’isolement conjugal et familial, notamment les célibataires : de 51 % en 1989, le taux d’aide profane est de 17 % en 1999. Dans quelle mesure ce constat peut-il être la conséquence d’une rupture du lien social et du désintérêt de la population pour ses vieux voisins isolés, ou bien celle d’un double effet de génération, les plus jeunes étant en meilleure santé au même âge et ayant gagné en autonomie par rapport aux générations plus anciennes ? Ainsi, par exemple, observe-t-on un net recul du taux des hommes célibataires hébergés en institution : 82 % vivent en ménage ordinaire en 1999 contre seulement 62 % dix ans plus tôt.
14Dans tous les cas, les données montrent une adaptation des deux formes d’aide marchande et non marchande à l’évolution des besoins des individus, avec un recentrage sur ceux qui en ont le plus besoin. Les services professionnels semblent concentrer leur intervention auprès des personnes potentiellement les plus isolées : le taux d’aide a augmenté pour les 85 ans et plus, en particulier les femmes, les veufs ou veuves et plus largement pour les personnes sans conjoint. Néanmoins, dans la mesure où l’aide profane n’est pas collectée en établissement, il convient de confronter strictement les mêmes situations d’intervention à domicile, entre services professionnels et aide profane.
75 ans et plus en 1989 et 1999 : services professionnels et aide profane
? Besoin d’aide et configuration des services à domicile
15En 1999 comme en 1989,80 % des personnes âgées de 75 ans et plus à domicile qui sont confrontées à une perte d’autonomie (groupes 1 à 3 de l’indicateur) mobilisent une aide profane pour les activités quotidiennes (cf. tableau 4). Sur la même période, les services professionnels progressent : 52 % de bénéficiaires en 1989,60 % en1999. Nous l’avons vu, entre les deux enquêtes, la diffusion des services professionnels se concentre sur les personnes les plus isolées (sans conjoint, sans enfant), les plus âgées (après 85 ans), les plus handicapées (groupes 1 et 2 de l’indicateur). La situation familiale est particulièrement éclairante du mode d’intervention. En 1999, parmi les personnes sans enfant, 70 % mobilisent leur entourage et 88 % des aides professionnelles; dix ans plus tôt, ces chiffres sont respectivement de 88% et 57%. Du côté des personnes qui peuvent « potentiellement » compter sur leurs enfants, 86 % bénéficient d’une aide profane en 1999, contre 81 % en 1989 et, pour l’aide professionnelle, on compte 56 % de bénéficiaires en 1999, contre 51% en 1989. Ces résultats suscitent d’ores et déjà une réflexion quant à la mobilisation des proches : en présence d’enfants, l’augmentation de l’intervention professionnelle ne réduit pas celle de l’entourage; lorsqu’il n’y a pas d’enfant, la collectivité est davantage mobilisée, l’entourage moins sollicité. Dans cette situation particulière, la question sous-jacente renvoie à l’hypothèse d’une substitution de l’aide publique et privée. Or, en l’absence de données longitudinales, rien ne permet de confirmer ou de réfuter cette interprétation. Cependant, le mode d’organisation de l’aide, entre professionnels et bénévoles, devrait pouvoir fournir un éclairage complémentaire.
Besoin d’aide à domicile : services professionnels et aide profane
16La confrontation de l’intervention professionnelle ou profane ne peut s’affranchir du mode d’organisation propre à des situations où les deux formes de services marchands et non marchands se cumulent, des situations d’exclusivité lorsque les professionnels ou l’entourage sont seuls à intervenir. D’une enquête à l’autre, on compte toujours une minorité de personnes (5%) qui, malgré un besoin d’aide manifeste, déclarent ne recevoir aucune assistance, ni d’origine professionnelle, ni profane (cf. tableau 5). Il est assez significatif d’observer que les hommes sont plus concernés, tout comme les personnes vivant avec un conjoint. Ces caractéristiques laissent penser qu’un aidant est potentiellement disponible, précisément en la personne du conjoint. L’aide est perçue et signalée différemment selon les couples et le sexe de l’enquêté. Dans certains cas, l’homme peut être amené à mentionner – ou à omettre – l’aide de sa conjointe qui « assume » habituellement l’ensemble des tâches au quotidien. De la même façon, en 1989 comme en 1999, on retrouve 10 % de personnes qui ne peuvent compter que sur l’intervention de services professionnels pour leur venir en aide au quotidien [14][14]Lorsque les professionnels, ou bien l’entourage, interviennent…. En l’occurrence, les hommes se trouvent moins fréquemment dans cette configuration d’aide exclusivement professionnelle. Plutôt que la capacité des hommes à mobiliser leur entourage, cela pourrait traduire la propension de l’entourage à se mobiliser pour des hommes restés seuls. Dans tous les cas, ces taux d’aide exclusivement professionnelle ou profane, identiques aux deux périodes, confirment le caractère incontournable de l’aide profane. Ils confirment également que les services marchands suffisent rarement seuls à faire face au besoin d’aide. Dans toutes les situations où, sans être nécessairement intensive, l’aide peut nécessiter d’être renouvelée plusieurs fois par jour, c’est réellement en créant une synergie entre les deux formes d’interventions que le besoin d’aide peut être couvert. Entre les deux périodes d’observation, la diffusion des services collectifs en association avec l’aide profane est en progression. En 1999, près de la moitié des personnes ayant besoin d’aide à domicile cumulent le bénéfice des services de professionnels et de leur entourage : 48% contre 40% dix ans plus tôt. Par symétrie, cela signifie aussi que les situations où l’entourage assume seul sont, proportionnellement, plutôt en diminution, de 43 % en 1989 à 35 % en 1999.
Besoin d’aide à domicile : absence de soutien ou cumul des services professionnels et de l’aide profane
17Les femmes ont une place tout à fait particulière dans l’organisation de l’aide profane. Lorsqu’ils ont besoin d’être aidés, les hommes le sont presque exclusivement par une femme, près de 90 % en 1999 et, du côté des femmes, l’aidant est aussi une femme dans 60% des situations. Cependant, au-delà de cette dimension bien connue de l’omniprésence féminine dans la production d’aide, il est plus intéressant d’observer la nette progression de l’aide fournie par des hommes aux femmes. En 1989, moins d’une femme sur quatre pouvait compter sur le soutien d’un homme, et en 1999, elles sont quatre sur dix. En dix ans, le rôle et la place des hommes dans la production de soins se sont modifiés, en particulier du côté des conjoints et dans une moindre mesure du côté des fils. Face aux restrictions d’activité, le taux global d’intervention des conjoints est deux fois plus élevé en 1999 par rapport à 1989 : 12 % contre 25 % (cf. tableau 6, p. 136). Ce sont d’abord des femmes, et plus exactement des filles ou brus, qui sont véritablement concernées par ces évolutions dans le sens d’un désengagement. Dans la moitié des situations, c’est une fille, parfois une bru, qui assurait l’aide en 1989, le taux atteignant 60 % pour les seules personnes ayant effectivement des enfants. Dix années plus tard, ces taux passent respectivement à 37 % et 43%. Entre le conjoint et les enfants qui assurent l’essentiel de l’aide profane à domicile, dix ans ont suffi pour voir une inversion des taux pour ces deux types d’intervenants. Autrement dit, au sein des couples, l’aide du conjoint qui était moins fréquente (37 %) que celle d’un enfant (45%) lors de la première enquête devient plus fréquente en 1999 : 72 % des hommes ou des femmes fournissent une aide à leur conjoint qui a besoin d’aide, tandis que l’aide des enfants est attestée dans 33 % de ces situations.
Besoin d’aide à domicile : les aidants familiaux, conjoint, enfant
18Ces résultats sur l’implication des conjoints qui permettrait le désengagement des enfants n’étaient pas nécessairement attendus. L’hypothèse d’un éloignement géographique des générations qui limiterait la disponibilité des enfants n’est pas attestée par les données : en 1989,60 % des personnes ont un enfant vivant à proximité (la même commune ou le même canton); en 1999,60% ont un enfant vivant à proximité (la même ville ou ses environs). En réalité, un faisceau de facteurs concourt à l’émergence de l’évolution dégagée : la moindre disponibilité des enfants du fait de leur présence plus fréquente sur le marché du travail, l’augmentation de la durée de vie en couple, l’autonomie des générations familiales et la volonté d’indépendance revendiquée par les plus âgés de faire face à leurs besoins. En effet, il faut bien noter que cette nouvelle place du conjoint ne résulte pas seulement de la survie plus longue des couples mais d’un véritable changement au sein des couples âgés, plus autonomes vis-à-vis de leurs descendants.
? Discussion
19La confrontation des modes de vie après 75 ans et des manières de répondre au besoin d’aide à la fin du XXe siècle en France permet de dégager certaines évolutions en dix ans. En miroir avec le paragraphe introductif rappelant la canicule de l’été 2003, les données ne confirment pas une délitescence du lien social conduisant nécessairement les membres les plus âgés de notre société à vivre dans la solitude et l’isolement ou dans des établissements déshumanisés. On ne vit pas de plus en plus souvent en maison de retraite, l’augmentation du nombre de places proposées est très en deçà de l’augmentation du nombre de personnes très âgées. L’entrée en établissement se fait de plus en plus tard, presque exclusivement pour des raisons de santé, en lieu et place où précédemment les structures collectives avaient vocation à accueillir les plus démunis socialement et sans attache familiale. Par ailleurs, les données montrent un recul de l’isolement lié à la baisse du célibat et des personnes sans enfant et à l’augmentation de la durée de compagnonnage en couple. Enfin, l’aide profane auprès des personnes présentant des restrictions d’activité à domicile n’apparaît pas en recul. Le conjoint devient beaucoup plus visible dans l’organisation de l’aide, et les filles, tout en restant le maillon fort de l’aide à domicile, sont un peu moins sollicitées. Les résultats confirment également l’interdépendance des deux formes d’intervention, professionnelle et profane. Le renforcement des services professionnels n’est rendu possible que par l’existence de personnes ressources auprès de la personne aidée : le taux d’intervention professionnelle seul n’a pas varié sur la période, au contraire du cumul des aides qui a progressé.
20À la suite de ces résultats, de nombreuses questions se posent sur ce que pourraient être les évolutions à venir. Avec une majorité de personnes s’appuyant sur leur entourage proche à domicile et une minorité de personnes hébergées en établissement, que peut-on observer à la fois du côté des engagements de la collectivité et de l’entourage face au vieillissement et au handicap ?
21Depuis les enquêtes de 1989 et 1999, l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) mise en place le 1er janvier 2002, s’est substituée à la prestation spécifique dépendance (PSD) et à une partie des prestations d’aide ménagère gérées par les caisses de retraite dans le cadre de leur action sociale [15][15]Loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001. Entrée en vigueur en…. Moins restrictive que la PSD, l’Apa qui n’est pas soumise à récupération sur succession, ni conditions de ressources [16][16]Néanmoins, une participation financière reste à la charge des…, est attribuée à beaucoup plus de bénéficiaires : 971 000 personnes au 30 juin 2006, soit environ 60% à domicile, 40% en établissement. À domicile, en s’appuyant sur une personne ressources de l’entourage qui devient le référent dans l’organisation de l’aide, le dispositif de l’Apa entérine de façon plus ou moins implicite la préférence pour les professionnels d’intervenir dans un contexte où l’environnement est déjà mobilisé. En établissement, l’introduction d’un tarif dépendance pouvant être financé par l’Apa ne résout pas la difficile équation entre le niveau des ressources personnelles des résidants et celui du montant de l’hébergement. Dans le cadre de l’aide sociale, les départements peuvent fournir une aide à l’hébergement mais celle-ci est assortie de la récupération sur succession et de l’obligation alimentaire. Or, on observe aujourd’hui que le recours aux obligés alimentaires est surtout mis en œuvre pour couvrir les frais d’hébergement en établissement. Le plus souvent, les familles s’organisent spontanément pour assurer la prise en charge financière des parents âgés qui ne peuvent le faire seuls, d’abord à domicile. Puis, lorsque la situation devient trop lourde, particulièrement face aux détériorations intellectuelles, elles se chargent des frais d’hébergement. Mais jusqu’où les familles iront-elles ?
22Dans l’immédiat, tant que l’on est en présence des parents des cohortes nombreuses nées après 1945, la situation est encore relativement favorable. Après une jeunesse marquée par les privations, ces générations ont connu une amélioration sensible des conditions d’accès aux soins et leur vie professionnelle s’est déroulée principalement dans le contexte favorable des « trente glorieuses ». Avec un taux de nuptialité élevé, une descendance nombreuse, une faible « divortialité », ce sont véritablement les premières générations à bénéficier de carrières pleines et à pouvoir aborder leur retraite avec des niveaux de pensions honorables. C’est vrai au moins pour les hommes, car les femmes ne sont pas encore entrées massivement et de façon prolongée sur le marché du travail. Néanmoins les gains d’espérance de vie devraient permettre à un plus grand nombre de profiter plus longtemps de la vie à deux. Dans cette première période, à l’horizon très proche, les fratries nombreuses des baby-boomers augmentent le potentiel d’aide, l’effectivité dépendant de leur propension à reproduire ce que les générations précédentes ont fait éventuellement pour leurs propres parents. Toutefois, une différence notable est à prendre en compte : si le handicap apparaît plus tard, on vit aujourd’hui nettement plus longtemps et, par conséquent, l’aide à un parent âgé pourrait se prolonger beaucoup plus que pour les générations précédentes.
23Portrait rapide et nécessairement réducteur, celui-ci a vocation à mettre en relief les différences qui pourraient surgir pour les générations suivantes, lorsque arriveront au seuil du grand âge vers 2020 (voire plutôt 2030) les premières générations du baby-boom. La principale différence, avec la génération de leurs parents, tient probablement à la forte réduction du nombre d’aidants potentiels en la personne du conjoint et des enfants. Initiatrices de nouveaux modes de vie, les cohortes nées après 1945 ont eu moins d’enfant, ont vécu plus souvent des ruptures conjugales et ont pu connaître des périodes de chômage et surtout des fins de carrière plus difficiles, plus chaotiques que les générations précédentes. Dans ces conditions, les baby-boomers auront-ils à expérimenter les effets d’un isolement conjugal plus fréquent, face à une descendance moins nombreuse, elle-même confrontée à une ascendance potentiellement amplifiée par les recompositions conjugales ? À l’horizon 2040, sur la seule base des projections démographiques, les travaux de la Drees montrent l’existence d’un décalage croissant entre l’évolution du nombre de personnes de 50 à 79 ans en situation potentielle d’aide (enfants et conjoints) et le nombre de personnes âgées en situation potentielle de besoin d’aide (Bontout et al., 2002).
24On voit combien la tentation de limiter les aides collectives aux plus âgés pour s’appuyer sur les ressources familiales serait redoutable. Face aux intérêts des groupes d’âges qui seraient nécessairement divergents, l’idée d’une guerre des générations réapparaît très régulièrement. À l’évidence, les jeunes générations ont les plus grandes difficultés à faire valoir leurs compétences sur le marché de l’emploi et le débat se fonde sur cette fracture générationnelle entre les jeunes adultes et leurs aînés qui concentrent ressources économiques et pouvoirs politiques. Le raisonnement est réellement préoccupant, car il renvoie directement au risque de voir remis en question les mécanismes de solidarité collective organisés par la protection sociale, retraite et soins, et qui ont constitué une alternative aux anciens systèmes d’obligation familiale. Car enfin, si les aides et services au sein des familles demeurent actifs et si les parents âgés sont bénéficiaires des transferts en temps, les capacités et les besoins d’aides demeurent fortement inégalitaires entre les familles (Renaut, 2003). Autant le rôle de la protection sociale, et celui des retraites en particulier, ne saurait être d’assurer une redistribution intergénérationnelle dans les familles, autant son rôle est-il d’assurer l’indépendance des individus et des générations. C’est là une donnée incontournable, transcendant les groupes d’âges, et largement exprimée par le souhait d’indépendance des parents vis-à-vis de leurs enfants, comme des enfants adultes vis-à-vis de leurs parents âgés. Plutôt que d’anticiper une hypothétique guerre des générations, et par-delà les évolutions du système de protection sociale, sans doute devrait-on davantage, tous et tout au long de la vie, parvenir à une meilleure prise en compte de son environnement. Indépendamment des questions d’âge, c’est l’interaction dynamique avec d’autres facteurs environnementaux qui assure l’indépendance de l’individu ou au contraire limite son autonomie et sa capacité à faire face aux activités de la vie quotidienne sans aide extérieure. De ce point de vue, la question de la prise en charge dépasse largement le champ du handicap au grand âge pour rejoindre celui de la politique du logement, de la ville, des transports ou de l’environnement.
25Dans tous les cas, d’ici à 2009, on peut espérer renouveler cette expérience de comparaison et confronter les évolutions sur la base d’une nouvelle enquête « handicap et santé ». Nous verrons alors ce qu’il en est de l’évolution des modes de vie entre le domicile et l’institution, de l’organisation de l’aide professionnelle et profane, de l’implication de la famille et de la vie en couple.
Notes
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[1]
La surmortalité observée à partir de 45 ans est importante, croissante avec l’âge : + 2 % chez les sujets âgés de 45 à 54 ans, + 40 % chez les sujets de 55 à 74 ans, + 70 % chez les sujets de 75 à 94 ans et + 120 % chez les sujets de 95 ans et plus.
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[2]
Voir, par exemple, le communiqué du Secrétaire d’État aux personnes âgées, Hubert Falco, au Conseil des ministres du 21 août 2003 : « Les conséquences de la canicule sur la prise en charge des personnes âgées » : « La dégradation des liens sociaux, l’évolution des modes de vie sont, en grande partie, la cause d’une montée des individualismes et de la solitude des personnes âgées. Ces constats révèlent des difficultés liées à une évolution profonde de notre société. La canicule qui a frappé très lourdement notre pays et coûté la vie à plusieurs milliers de personnes âgées est intervenue dans ce contexte. » www. personnes-agees. gouv. fr/ point_presse/ c_presse/ 030821. htm.
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[3]
Il est possible de se reporter au site qui héberge les enquêtes HID : http ://rfr-handicap.inserm.fr.
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[4]
Pour la fluidité de la lecture, par la suite, nous faisons référence à 1989 pour 1988/1989 et 1999, pour 1998/1999.
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[5]
Pour les hommes, l’espérance de vie à la naissance est passée de 72,8 ans en 1990 à 75 ans en 1999 et, à 60 ans, elle est passée de 19 ans en 1990 à 20,2 ans en 1999; du côté des femmes, on observe respectivement 81 ans et 82,5 ans à la naissance, pour 24,2 ans et 25,3 ans, à 60 ans.
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[6]
Les logements en foyers qui sont considérés par l’Insee comme des logements ordinaires ont été agrégés au domicile pour les deux périodes d’observation, 1989 et 1999.
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[7]
Les années quatre-vingt ont été marquées par cette idée qu’il existait une forte inadéquation des personnes aux structures; en réalité, les données sur « Le prix de la dépendance » montrent dès 1989 que les personnes les plus handicapées sont bien hébergées dans les structures de soins les plus médicalisées, les longs séjours aujourd’hui rebaptisés unités de soins de longue durée.
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[8]
En 1999, les résidants des institutions étaient entrés à 78,5 ans en moyenne pour ceux qui n’ont pas d’enfant, contre 82,7 ans pour les autres (Renaut, 2001).
-
[9]
La contrainte de disposer de questions parfaitement comparables aux deux dates limite la confrontation du handicap au volet physique des incapacités; les troubles du comportement et de désorientation spatio-temporelle qui posent les problèmes les plus aigus de prise en charge ne sont pas traités ici.
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[10]
Rapports Théo Braun en 1986, Laroque en 1989, Boulard en 1991, Shopflin en 1989 et plusieurs propositions de loi entre 1990 et 1996. Voir en particulier les travaux de simulations et projections d’une allocation dépendance sur la base des résultats de l’enquête 1989 (Tartarin, Bouget, 1994).
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[11]
La grille « Aggir » (Autonomie gérontologie groupes iso-ressources) s’impose comme grille nationale d’évaluation de la dépendance avec la loi du 24 janvier 1997 instaurant la PSD; 10 axes composent la grille Aggir : cohérence, orientation, toilette, habillement, alimentation, élimination, transfert, déplacement à l’intérieur, déplacement à l’extérieur, communication. En réalité, les déplacements à l’extérieur et la communication n’entrent pas dans le calcul de l’algorithme publié au Journal officiel n° 101 du 30 avril 1997 (décret n°97-427).
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[12]
À son apogée en 2001, la PSD a couvert jusqu’à 136000 personnes, avant de décliner rapidement dès l’application de l’allocation personnalisée d’autonomie en 2002 (voir infra ). En 2004, l’ACTP est versée à moins de 20 000 personnes, la PSD a presque disparu, l’aide ménagère des caisses de retraite avoisine 250000 personnes, celle des départements, un peu plus de 30000 et les SSIAD ont dépassé le seuil de 80 000 places.
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[13]
La confrontation des deux formes de services néglige l’aide profane auprès des résidants en établissements car l’information, collectée dans l’enquête de 1989, ne l’est pas dans celle de 1999. Autrement dit, on considère que tous les résidants sont bénéficiaires de services professionnels, que seuls les non-résidants peuvent bénéficier d’une aide profane, ou qu’une personne « autonome » à domicile peut bénéficier d’une aide professionnelle pour l’entretien du ménage.
-
[14]
Lorsque les professionnels, ou bien l’entourage, interviennent seuls, les taux se déduisent des tableaux 4 (p.133) et 5 (p.135).
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[15]
Loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001. Entrée en vigueur en janvier 2002.
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[16]
Néanmoins, une participation financière reste à la charge des bénéficiaires lorsque leurs ressources sont supérieures à un certain montant.
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